Les soins infirmiers au Nunavut : « C’est la meilleure chose que j’ai jamais faite. »

Susan Edwards

Bayshore |

Saviez-vous que Soins de santé Bayshore offre un programme de soins infirmiers en régions nordiques? Les infirmières autorisées et les infirmières auxiliaires autorisées ont la possibilité de travailler avec les communautés autochtones et dans les collectivités du Nord, prodiguant des soins à tous, des nouveau-nés aux aînés. Nous avons demandé à Susan Langin, infirmière auxiliaire autorisée de St. John’s, à Terre-Neuve, de partager son expérience de travail dans le territoire du Nunavut.

Q : Susan, depuis combien d’années êtes-vous infirmière?
R : J’ai obtenu mon diplôme du Centre for Nursing Studies de St. John’s en 2016. Je suis allée à l’école à un âge avancé. J’ai toujours voulu être infirmière, mais j’avais une famille et je devais d’abord élever mes enfants. À la mi-quarantaine, j’ai décidé que c’était le bon moment. J’ai laissé mon emploi de travailleuse des services à l’enfance et je suis retournée sur les bancs d’école. Ce fut la meilleure décision de ma vie. Avant de me joindre à Bayshore en 2019, j’ai travaillé dans le domaine de la réadaptation, aux soins palliatifs et en soins de longue durée. Je me suis jointe à dessein au programme de soins infirmiers en régions nordiques. Le Nord m’a toujours attirée, la beauté du Nunavut, apprendre sur les Inuits et leurs besoins, et leur prodiguer des soins là où ils sont. Des amis qui y travaillaient m’ont parlé de leur expérience. Après avoir fait des recherches, j’ai décidé que le moment était venu pour un changement. J’ai choisi Bayshore en raison de son excellente réputation et des commentaires exceptionnels de mes amis qui y travaillent.

Q : Quand avez-vous commencé à travailler au Nunavut?
R : La première fois était en novembre 2019, à Kugluktuk, la collectivité la plus à l’ouest du territoire. Depuis, j’ai aussi travaillé à Cambridge Bay, Taloyoak, Pond Inlet et Gjoa Haven, je m’y rends justement en ce moment! Ce sera mon huitième voyage. Chaque fois, j’y reste pendant six semaines, puis je retourne à la maison pendant quatre semaines.

Q : Pouvez-vous décrire le milieu clinique?
R : Nous travaillons dans un centre de soins de santé doté d’une salle d’urgence, d’une salle de traitement et d’une maternité. Les infirmières de différents champs d’exercice ont leurs propres bureaux. On appelle les infirmières autorisées : infirmières en santé communautaire, ou «CHN» (prononcé à l’anglaise «chins»). Les niveaux de dotation se fondent sur la population : de trois à cinq infirmières sont sur place à la fois. Les centres de santé sont bien équipés. Nous n’avons pas nécessairement accès au même équipement médical que dans les hôpitaux du Sud, mais nous avons de l’équipement. Le champ d’exercice des infirmières autorisées est élargi, des médecins visitent les collectivités, et plusieurs de celles-ci ont des infirmières praticiennes (IP), ce qui est formidable, et il y a toujours un médecin de garde, qui peut être n’importe où au Canada. En cas de situation où il nous est impossible de garder le patient dans un état stable ou s’il a besoin de plus de soins que l’on peut prodiguer, il y a l’évacuation médicale par avion vers un hôpital du Sud.

Q : À quoi ressemble votre horaire?
R : Je travaille habituellement du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 17 h. Selon la collectivité où l’on se trouve, les heures supplémentaires sont possibles. Les infirmières auxiliaires autorisées peuvent être appelées pour assister, par exemple, un patient stable qui est évacué, et pour toutes sortes d’urgences, selon notre champ d’exercice. Elles ne sont pas de garde, mais les infirmières en santé communautaire le sont.

Q : Qui contacter en cas de besoin de soutien clinique?
R : Je communique avec quelqu’un de Bayshore par téléphone ou courriel. Tout le monde répond rapidement. Au Nunavut, nous suivons le champ d’exercice de l’Alberta, je peux donc aussi communiquer avec le College of Licensed Practical Nurses of Alberta, qui répond aussi rapidement. Mon travail comporte également des services de télésanté,  où nous communiquons avec des spécialistes par le biais de vidéoconférences. Les infirmières auxiliaires autorisées peuvent faire tout ce qui est dans leur champ d’exercice.

Q : Où habitez-vous quand vous êtes là-bas?
R : Un logement est fourni. Dans l’une des collectivités où je me suis rendue, c’est directement en haut du centre de soins de santé. Ailleurs, il y a des maisons ou des appartements à proximité. Il faut habituellement partager avec une ou deux autres infirmières. Cela fait un an que je me rends au Nunavut, j’ai commencé à revoir des gens avec qui j’ai déjà travaillé. J’ai noué quelques amitiés vraiment formidables. C’est agréable de tisser ces liens étroits : nous travaillons en équipe, et nous partageons les mêmes défis et les mêmes joies. Certaines des infirmières les plus remarquables que j’ai rencontrées travaillent au Nunavut.

Q : Quels sont les défis personnels de pratiquer au Nunavut?
R : L’isolement. Il est presque impossible de s’y préparer, ou de l’imaginer. Il y a quelques épiceries, certes, mais très peu à part ça. Il faut prendre un avion pour se rendre dans les communautés. On s’y fait, mais je trouve encore cela difficile. Il faut s’occuper pendant nos temps libres. Je télécharge habituellement des films et des émissions de télé sur ma tablette. Et pour l’accès Internet, j’utilise mon téléphone comme point d’accès sans fil. Je suis en train d’apprendre à tricoter.

Q : Quels sont les traits de personnalité qui aident à travailler au Nord?
R : Cela prend indéniablement la capacité de s’adapter rapidement au changement, que ce soit en raison d’un retard de vol ou d’un cas difficile qui passe le pas de la porte. Il faut avoir accumulé de l’expérience : je craindrais qu’une nouvelle à la profession d’infirmière n’ait pas les reins assez solides. Il faut aussi une confiance en soi et en ses moyens. Il faut avoir un esprit très ouvert, comprendre et être réceptif aux moyens de guérison locaux. Il faut aussi avoir une bonne écoute.

Q : Avez-vous des suggestions sur la façon de se préparer?
R : Parlez à des infirmières qui ont travaillé dans le Nord, nous sommes heureuses de partager. Faites vos devoirs. Il y a des défis, mais vous pouvez apprendre par vous-même. La University of Alberta offre un cours formidable en ligne : Indigenous Canada (avec sous-titres en français). Il ouvre vraiment les yeux, tout en enseignant la façon dont les peuples autochtones veulent être traités, personnellement et en lien avec les soins de santé.

Q : Qu’est-ce que vous aimez le plus à propos du travail au Nunavut?
R : Seigneur, tellement de choses. Cet endroit a volé mon cœur. J’adore m’y rendre. Les gens sont les plus gentils, les plus beaux et les plus résilients que j’ai rencontrés, et j’adore les liens que j’ai tissés avec eux et les communautés. Professionnellement, travailler au Nunavut a été incroyablement gratifiant, grâce à cela j’ai acquis beaucoup de confiance dans les soins que je peux prodiguer. Le climat, oui, c’est froid, mais l’immensité du Nord est magnifique. C’est féerique. L’aurore boréale. Les enfants qui jouent dehors toute la journée. Je suis très chanceuse d’avoir un emploi que j’adore dans un endroit que j’aime tant, un lieu que la plupart des gens n’ont jamais eu l’occasion de voir. Je n’ai aucun regret, c’est la meilleure chose que j’ai jamais faite.

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